Chansons gaillardes et libertines
du royaume de France

recueillies et adaptées par Guy Breton
enregistrées par Colette Renard

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  • Ah! vous dirais-je Maman
  • Au clair de la lune
  • Dans une tour de Londres
  • En revenant du Piémont
  • La demoiselle
  • La femme du roulier
  • La mère Michel
  • La puce
  • La Bergère
  • Le 31 du mois d'août
  • Le bon roi Dagobert
  • Le doigt gelé
  • Le Roi de Provence
  • Le vieux curé de Paris
  • Les deux soeurs
  • Sont les filles de La Rochelle
  • Les moeurs
  • Les trente brigands
  • Malbrough s'en va-t-en guerre
  • Sur la route de Louviers

  •  

    Ah! vous dirais-je Maman

    Arrangement: Xavier Hubaut

    1. Ah! vous dirais-je Maman
    A quoi nous passons le temps
    Avec mon cousin Eugène
    Sachez que ce phénomène
    Nous a inventé un jeu
    Auquel nous jouons tous les deux

    3. Puis il me dit d'un ton doux:
    "Écarte bien tes genoux"
    Et la chose va vous faire rire
    Il embrasse ma tirelire
    Oh! vous conviendrez, Maman,
    Qu'il a des idées vraiment.

    5. Et c'est juste à ce moment
    Que le jeu commence vraiment
    Eugène prend sa petite bête
    Et la fourre dans une cachette
    Qu'il a trouvée, le farceur,
    Où vous situez mon honneur

    7. Complètement essoufflé
    Il essaye de le rattraper
    Moi je rie à perdre haleine
    Devant les efforts d'Eugène
    Si vous étiez là Maman
    Vous ririez pareillement

    9. Mon cousin est merveilleux
    Il connaît des tas de jeux
    Demain soir sur la carpette
    Il doit m'apprendre la levrette
    Si vraiment c'est amusant
    Je vous l'apprendrai en rentrant.

    2. Il m'emmène dans le bois
    Et me dit: "Déshabille-toi!"
    Quand je suis nue tout entière
    Il me fait coucher par terre
    Et de peur que je n'aie froid
    Il vient se coucher sur moi

    4. Puis il sort, je ne sais d'où,
    Un petit animal très doux
    Une espèce de rat sans pattes
    Qu'il me donne et que je flatte
    Oh! le joli petit rat
    D'ailleurs il vous le montrera.

    6. Mais ce petit rat curieux
    Très souvent devient furieux
    Voilà qu'il sort et qu'il rentre
    Et qu'il me court dans le ventre
    Mon cousin a bien du mal
    A calmer son animal

    8. Au bout de quelques instants
    Le petit rat sort en pleurant
    Alors Eugène qui tremblote
    Le remet dans sa redingote
    Et puis tous deux nous rentrons
    Sagement à la maison

    10. Voici ma chère Maman
    Comment je passe mon temps
    Vous voyez je suis très sage
    Je fuis tous les bavardages
    Et j'écoute vos leçons
    Je ne parle pas aux garçons.


    Sommaire
     

    Au clair de la lune

    Arrangement: Xavier Hubaut
    1. Au clair de la lune,
    Mon ami Pierrot.
    Prête-moi ta plume,
    Mon mari est sot.
    Sa chandelle est morte
    Et manque de feu.
    Ouvre-moi ta porte.
    Pour baiser un peu.
    2. Au clair de la lune,
    Pierrot répondit:
    Je garde ma plume
    Pour baiser Nini.
    Va chez la voisine:
    Elle aim' s'amuser.
    Elle est un peu gouine,
    Elle a du doigté.
    3. Mais chez la voisine
    Y avait un mond' fou.
    Des chambres aux cuisines,
    On baisait partout.
    Et sur la pelouse,
    Des gens distingués
    Faisaient une partouze:
    C'était follement gai.
    4. Au clair de la lune,
    J'entrai dans le jeu.
    Entourée de plumes:
    C'était merveilleux.
    J'en pris une belle
    Sur un rayon d'or.
    Ah ! quelle chandelle !
    Je la sens encore.
    5. Au clair de la lune,
    Je fus au réduit.
    Je pris tout' les plumes,
    Oh! la, la! Quelle nuit!
    Soufflées de la sorte
    Par le vent d'amour,
    Les chandelles sont mortes
    Au lever du jour.

    La musique est généralement attribuée à Jean-Baptiste Lulli et serait construite à partir d'un air de ballet de Cadmus (1674). Cette origine est fort controversée, mais quoi qu'il en soit, elle était à la mode depuis 1780.
    On trouve dans un recueil paru à Lyon en 1553 un couplet ressemblant:
    Las, je suis toute nue
    Et si courte tenue
    Que ne vous puis aider
    Si faisait belle lune
    J'écrirais d'une plume
    Bon soir vous soit donné
    Même si la chanson est réputée coquine, les paroles ci-dessus ne sont certes pas les plus courantes!
    D'après Aux sources des chansons populaires de Martine David et Anne-Marie Delrieu.

    Sommaire

    La puce

    Paroles Charles-Alexis Piron - Musique: André-Joseph Exaudet (1710-1752)
    Arrangement: Xavier Hubaut

    Au dortoir,
    Sur le soir,
    La soeur Luce,
    En chemise
    Et sans mouchoir,
    Cherchant du blanc au noir
    À surprendre une puce.
    À tâtons,
    Du téton,
    À la cuisse
    L'animal ne fait qu'un saut
    Ensuite un peu plus haut
    Se glisse.
    Dans la petite ouverture,
    Croyant sa retraite sûre,
    De pincer,
    Sans danger,
    Il se flatte.
    Luce pour se soulager
    Y porte un doigt léger
    Et gratte.

    En ce lieu,
    Par ce jeu,
    Tout s'humecte
    À force de chatouiller
    Venant à se mouiller
    Elle noya l'insecte.
    Mais enfin,
    Ce lutin,
    Qui rend l'âme,
    Veut faire un dernier effort.
    Luce grattant plus fort
    Se pâme.


    Chanson très représentative du répertoire et de l'esprit du Caveau fondé en 1726.
    Le ton badin de cette Puce et sa versification très rigoureuse (alternance des rimes masculines et féminines) en font un petit chef d'oeuvre littéraire et contribuent à "faire passer" de manière toute naturelle l'audace d'un propos fort révélateur, par ailleurs, de l'esprit libertin qui régnait sous la Régence.
    Quant au Menuet d'Exaudet (violoniste et compositeur), on estime qu'il servit de timbre à plus de 200 chansons de tous styles.
    D'après L'Anthologie de la Chanson Française de Marc Robine.

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    Le doigt gelé

    Paroles: Octave Pradels
    Arrangement: Xavier Hubaut
    1. Cet hiver, par un froid intense,
    Rentrant chez lui tout accablé,
    À sa femme, il dit: "Mon Hortense,
    Je crois que j'ai le doigt gelé.
    Tiens, regarde, il est insensible;
    Va, plus d'espoir, il est bien mort!"
    "Mon ami, ce serait horrible!
    Peut-être bien qu'il vit encore."

    3. L'eau n'y fit rien. La pauvre femme
    Se lamentait dans sa douleur.
    "Si tu le réchauffais à la flamme?
    Ce qu'il lui faut, c'est la chaleur!
    Approche donc. Quoi, tu recules?
    Poltron ! Que l'angoisse me tord!
    Comprends bien que si tu te brûles
    Ça prouvera qu'il n'est pas mort."

    5. Oh, la femme, l'être adorable
    Pétrie de grâce et de bonté!
    Chacune en sa foi secourable
    Est un masseur de charité.
    Elle massa, mais avec rage,
    Car stérile fut son effort,
    Pendant qu'il murmurait: courage!
    Peut-être bien qu'il n'est pas mort.

    7. On n'entendit plus, dans la chambre,
    Rien, sinon des mots encourageants
    Que la victime de décembre
    Bégayait sur des tons changeants.
    Et tout à coup l'épouse émue
    S'écria: "Mon ami Victor,
    Béni soit le ciel: il remue!
    Ah, quel bonheur! Il n'est pas mort!"

    2. Mais le doigt, misérable tige,
    N'était plus, piteux, racorni,
    Qu'un souffle, un rien, moins qu'un vestige,
    Et, Nini, c'était bien fini
    L'épouse s'écria plaintive:
    "Si tu le frictionnais fort?
    Tiens, voici de l'eau sédative,
    Peut-être bien qu'il n'est pas mort

    4. Toujours rien. En vain ils varient
    L'eau, le feu, le chaud, le froid.
    Il essaya le bain-marie ;
    Rien ne ranimait plus le doigt.
    "Ah!", fit l'épouse toute blême,
    "Il me resterait un remords
    Si je n'essayais pas moi-même
    De m'assurer qu'il est bien mort."

    6. Lasse de la besogne aride
    Elle lâchait le doigt transi,
    Qui s'obstinait, morne et rigide,
    Quand soudain son front s'éclaircit.
    "Sommes-nous nigauds tout de même!
    La flamme n'y peut rien, d'accord,
    Mais il est un moyen suprême
    De s'assurer qu'il est bien mort !"

    8. Maris, méditez cette histoire:
    Le doigt peut vous geler demain.
    Vous avez, la chose est notoire,
    Le remède exquis sous la main.
    Le feu, cet élément du diable,
    Peut vous rendre un peu votre essor.
    Mais le cul d'une femme aimable
    Est mille fois plus chaud encor'.


    Une des meilleures parodies du Pendu de Saint-Germain de MacNab. Cet air, qui était fort à la mode dans les cabarets parisiens est également repris dans La Semaine

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    Le Roi de Provence

    1. C'était un roi
    De Provence je crois
    Mais des pédales, hélas, était la reine
    Et sans arrêt
    Avec un beau toupet
    Il entrait dans le vif de ses sujets

    3. On l'accusa
    De diriger l'état
    Avec quelques beaux mignons peu farouches
    Un jardinier
    Ministre fut nommé
    Sans avoir le temps de se retourner

    2. Au grand salon
    Douze pages blonds
    Formaient sa cour tout en demeurant bien sages
    Mais le seigneur
    Etait grand lecteur
    Il aimait bien tourner les pages

    4. On dit encore
    Qu'au camp du Drap d'Or
    Il s'en alla tout joyeux planter ses tentes
    Mais cependant
    On peut dire vraiment
    Que son histoire soit sans fondement


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    Malbrough s'en va-t-en guerre

    Arrangement: Xavier Hubaut
    1. Malbrough s'en va-t-en guerre
    Mironton mironton mirontaine
    Malbrough s'en va-t-en guerre
    Ne sait quand baisera
    Sa femme qui reste là
    Avec son pauvre chat

    4. Comme elle était fidèle
    Mironton mironton mirontaine
    Comme elle était fidèle
    Elle repoussa du pied
    Valets et officiers
    Qui voulaient la baiser

    7. Pris par les infidèles
    Mironton mironton mirontaine
    Pris par les infidèles
    Malbrough venait d'être châtré
    Lors sa femme atterrée
    Se mit à sangloter.

    2. Je te baiserai à Pâques
    Mironton mironton mirontaine
    Je te baiserai à Pâques
    Ou à la Trinité
    Dit-il d'un air navré
    Avant de la quitter

    5. Pendant dix-huit semaines
    Mironton mironton mirontaine
    Pendant dix-huit semaines
    Madame Malbrough la sotte
    Se caressa la motte
    Avec une carotte

    8. Qu'a-t-on fait de la chose
    Mironton mironton mirontaine
    Qu'a-t-on fait de la chose
    Qui servait à baiser
    Et qu'on vient de lui couper
    Le page dit: écoutez,

    3. Puis il partit combattre
    Mironton mironton mirontaine
    Puis il partit combattre
    Laissant dans son château
    La belle toute en sanglots
    D'avoir le cul si chaud

    6. Mais un jour un beau page
    Mironton mironton mirontaine
    Mais un jour un beau page
    Arriva de l'armée
    Afin de l'informer
    D'une triste vérité

    9. Je l'ai vue porter en terre
    Mironton mironton mirontaine
    Je l'ai vue porter en terre
    Par quatre-z-officiers
    Qui l'avaient déposée
    Dans un grand drap doré.

    10. A ces mots la châtelaine
    Mironton mironton mirontaine
    A ces mots la châtelaine
    Se mit à jubiler
    Et vive la liberté
    Plus de raison de me gêner
    Puis elle appela l'armée

    11. Et par trente officiers
    Quarante-deux canonniers
    Cent trente-cinq chevaliers
    Deux cents trente cuirassiers
    Trois cents six grenadiers
    Six cents vingt non-gradés
    Elle se fit enfiler


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    Les trente brigands

    Arrangement: Xavier Hubaut
    1. Ils étaient vingt ou trente
    Brigands dans une bande
    Chacun sous le préau
    Voulait m' toucher -- vous m'entendez ?
    Chacun sous le préau
    Voulait m' toucher un mot

    3. Comme j'étais dans ma chambre
    Un matin de septembre
    Un autre vint tout à coup
    Pour me sauter -- vous m'entendez ?
    Un autre vint tout à coup
    Pour me sauter au cou

    5. Le vent soulevait ma robe
    Quand l'un d'eux d'un air noble
    S'approcha mine de rien
    Et caressa -- vous m'entendez ?
    S'approcha mine de rien
    Et caressa mon chien

    7. Comme j'étais à coudre
    Ils rappliquèrent en foule
    Et voulaient les fripons
    Tous m'enfiler -- vous m'entendez ?
    Et voulaient les fripons
    M'enfiler mon coton.

    2. Un beau jour sur la lande
    L'un d'eux se fit très tendre
    Et d'un petit air guilleret
    Vint me trousser -- vous m'entendez ?
    Et d'un petit air guilleret
    Vint me trousser un couplet

    4. Un soir dans une fête
    Un autre perdit la tête
    Et jusqu'au lendemain
    Voulut m' baiser -- vous m'entendez ?
    Et jusqu'au lendemain
    Voulut m' baiser les mains

    6. Comme je filais la laine
    Un autre avec sans-gêne
    Sans quitter son chapeau
    Vint me p'loter -- non mais, vous m'entendez?
    Sans quitter son chapeau
    Vint me p'loter mon écheveau

    8. Celui qui sût me prendre
    C'est un garçon de Flandre
    Un soir entre deux draps
    Ce qu'il me fit -- vous m'entendez
    Un soir entre deux draps...
    Je n' vous le dirai pas.


    Louis Mandrin, né en 1724 à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs dans le Dauphiné, fut un bandit de grand chemin.
    Après avoir servi dans l'armée, il déserta, et organisa la contrebande du tabac aux frontières de la Savoie, en compagnie d'une petite troupe de déserteurs (payée régulièrement)!
    Ayant réussi à vaincre à plusieurs reprises les troupes royales chargées de l'arrêter, et parce qu'il ne s'attaquait qu'aux fermiers généraux (les percepteurs de l'époque), il acquit une grande popularité.
    Cependant, la complainte d'origine ne s'applique guère à lui: en effet Mandrin, que l'on sache, n'a jamais volé de curé; il fut roué vif et étranglé à Valence le 26 mai 1755, et non pendu à Grenoble comme le dit la chanson...
    Quant au timbre de la chanson, il est tiré d'un opéra de Rameau, Hippolyte et Aricie daté de 1733.
    D'après Le Livre des Chansons de France de Roland Sabatier
    et l'Anthologie de la Chanson Française de Marc Robine.

    La forme de la version recueillie par Guy Breton était très en vogue au début du 20e siècle et est à rapprocher de celle de La jeune fille du métro.


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    Les deux soeurs

    1. Zoé, de votre soeur cadette
    Que voulez-vous? Entre deux draps
    Que sans chemise je me mette?
    Fi, ma soeur, vous n'y pensez pas!
    Mais à vos fins vous voilà parvenue
    Et vous baisez ma gorge nue
    Vous me tiraillez
    Vous me chatouillez
    M'émoustillez
    2. Pour vous en prendre à notre sexe
    Avez-vous mis l'autre aux abois
    C'est peu que votre main me vexe
    Vous usez pour vous de mes doigts
    La tête aux pieds la voilà qui se couche
    Ciel où mettez-vous votre bouche
    Pour une soeur
    Quelle noirceur
    Quelle douceur
    Mais au fond ce n'est rien
    Je me sens bien
    Au fond ce n'est rien

    3. Rougirions-nous, je le demande,
    Si nos amants pouvaient nous voir
    Pourtant il faut que je vous rende
    Le plaisir que je viens d'avoir
    Je m'enhardis car jamais que je sache
    Je n'ai baisé d'homme à moustache
    Ah! nous jouissons
    Et des garçons
    Nous nous passons


    Sommaire

    La mère Michel

    Arrangement: Xavier Hubaut
    1. C'est la mère Michel
    Qui a montré son chat
    En criant par la fenêtre
    Qui donc me le prendra
    Et c'est le père Lustucru
    Qui lui a répondu
    J'arrive la mère Michel
    J'aime les chats bien poilus

    Sur l'air du tru lu lu lu
    Sur l'air du tru lu lu lu
    Sur l'air du tru déri déru
    Tru lu lu

    2. Alors la mère Michel
    Lui a donné son chat
    En disant ce minet
    A mangé beaucoup de rats
    Mais la chaude luronne
    S'écria tout à coup
    Sortez, père Lustucru,
    Mon chat n'aime pas le mou

    Sur l'air du trou lou lou lou
    Sur l'air du trou lou lou lou
    Sur l'air du trou déri dérou
    Trou lou lou

    3. Le père Lustucru
    Se retira furieux
    En disant j'ai une verge
    Pour les chats coléreux
    La mère Michel lui dit
    Avec ta verge papa
    Il n'y a vraiment pas
    De quoi fouetter mon chat

    Sur l'air du tra la la la
    Sur l'air du tra la la la
    Sur l'air du tra déri déra
    Tra la la


    Cette chanson est à la mode depuis 1820 (avec d'autres paroles, bien entendu).
    L'air est plus ancien et avait servi à chanter au 17e siècle les louanges du Maréchal de Catinat, l'un des meilleurs capitaines de Louise XIV.
    D'après Le Livre des Chansons de France de Roland Sabatier.

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    Les moeurs

    1. Mes chers amis respectons la décence
    Ce mot tout seul vaut presque une chanson
    Sans équivoque et surtout sans licence
    Je vais parler de l'amant de Lison
    Le drôle un jour d'un ton fait pour séduire
    Lui débitait de lubriques horreurs

    Ce qu'il disait, je pourrais vous le dire
    Mais je me tais par respect pour les moeurs.

    3. Au bord du lit sur le nez il la pousse
    Et bravement l'attaque par le dos
    Lise indignée en sentant qu'il la trousse
    Sans doute alors se livrait aux sanglots
    Dans ce coeur tendre aussitôt ce satyre
    Enfonce, enfonce un long sujet de pleurs

    Ce que c'était, je pourrais vous le dire
    Mais je me tais par respect pour les moeurs.

    2. Sachez que Lise est une fille honnête
    Qui se choqua d'un pareil impromptu
    Mais au vaurien ne vint-il pas en tête
    De pénétrer le fond de sa vertu
    Sein ferme et blanc ne saurait lui suffire
    Déjà deux doigts sont en besogne ailleurs

    Ce qu'ils y font, je pourrais vous le dire
    Mais je me tais par respect pour les moeurs.

    4. Longtemps encore Lison dans sa posture
    A tour de reins se débat vivement
    On me dira que c'était par luxure
    C'est par vertu, moi j'en fais le serment
    Or, pour six mois sa vertu sut réduire
    L'insolent même à pleurer ses erreurs

    Ce qu'il gagna je pourrais vous le dire
    Mais je me tais par respect pour les moeurs.


    Sommaire

    La demoiselle

    1. Que c'est bon d'être demoiselle
    Car le soir dans mon petit lit
    Quand l'étoile Vénus étincelle
    Quand doucement tombe la nuit

    4. Je me fais farcir la mottelette
    Je me fais couvrir le rigondonne
    Je me fais gonfler la mouflette
    Je me fais donner le picotin

    7. Je me fais gauler la mignardise
    Je me fais rafraîchir le tison
    Je me fais grossir la cerise
    Je me fais nourrir le hérisson

    2. Je me fais sucer la friandise
    Je me fais caresser le gardon
    Je me fais empeser la chemise
    Je me fais picorer le bonbon

    5. Je me fais laminer l'écrevisse
    Je me fais foyer le coeur fendu
    Je me fais tailler la pelisse
    Je me fais planter le mont velu

    8. Je me fais chevaucher la chosette
    Je me fais chatouiller le bijou
    Je me fais bricoler la cliquette
    Je me fais gâter le matou

    3. Je me fais frotter la péninsule
    Je me fais béliner le joyau
    Je me fais remplir le vestibule
    Je me fais ramoner l'abricot

    6. Je me fais briquer le casse-noisettes
    Je me fais mamourer le bibelot
    Je me fais sabrer la sucette
    Je me fais reluire le berlingot

    9. Et vous me demanderez peut-être
    Ce que je fais le jour durant
    Oh! cela tient en peu de lettres
    Le jour, je baise, tout simplement.


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